Monday, May 2, 2022

We Have Come to be Danced by Jewel Mathieson

We have come to be danced.

Not the pretty pretty, pick me, pick me dance.

But the claw our way back into the belly.

Of the sacred, sensual animal dance.

The unhinged, unplugged, cat is out of the box dance.

The holding the precious moment in the palms.

Of our hands and feet dance.

We have come to be danced.

Not the jiffy booby, shake your booty for him dance.

But the wring the sadness from our skin dance.

The blow the chip off our shoulder dance.

The slap the apology from our posture dance.

We have come to be danced.

Not the monkey see, monkey do dance.

One two dance like you.

One two three dance like me dance.

But the grave robber, tomb stalker, 

Tearing scabs and scars open dance.

The rub the rhythm raw against our soul dance.

We have come to be danced.

Not the nice, invisible, self-conscious shuffle.

But the matted-hair flying voodoo mama

Shaman shakin' ancient bones dance.

The strip us from our casings, return our wings.

Sharpen our claws and tongues dance.

The shed dead cells and slip into

The luminous skin of love dance.

We have come to be danced.

Not the hold our breath and wallow in the shallow end of the floor dance.

But the meeting of the trinity, the body breath and beat dance.

The shout hallelujah from the top of our thighs dance.

The mother may I? Yes you may take 10 giant leaps dance.

The olly olly oxen free free free dance.

The everyone can come to our heaven dance.

We have come to be danced.

Where the kingdom's collide.

In the cathedral of flesh.

To burn back into the light.

To unravel, to play, to fly, to pray.

To root in skin sanctuary.

We have come to be danced.

We have come.

Sunday, April 3, 2022

Enfance de Nathalie Sarraute

 Adèle m'emmenait parfois à l'église de Montrouge où je faisais les mêmes gestes qu'elle... des gestes qui ne me semblaient pas être bien différents de ceux qu'exige la simple politesse... la main plongée rapidement dans le bénitier, l'automatique signe de croix, la brève esquisse de génuflexion en passant devant l'autel... elle aurait été très choquée si je ne l'avais pas fait, comme elle l'aurait été si je n'avais pas dit "Au revoir Madame" en sortant d'une boutique... ou si je ne m'étais pas effacée dans une porte... Il m'était impossible d'imaginer... malgré tous les actes de piété accomplis rigouresement et très fréquemment par Adèle, elle allait souvent à l'office de six heures du matin, ne manquait jamais la messe un dimanche... je ne pouvais pas lui attribuer la moindre parcelle d'une vie spirituelle, un sentiment quelconque de l'existence possible de quelque chose qui n'était pas sur terre, par terre, au ras de terre où elle vivait. 

- Mais toi-même, quand tu priais...

- C'était plutôt de la superstition... je récitais "Notre Père qui êtes aux Cieux" ou "Saint Marie, mère de Dieu"... comme je touchais du bois pour détourner le mauvais sort, ou avec le vague espoir qu'ainsi je recevrais ce que je désirais...

    Avec grand-mère à l'église russe de la rue Daru, je me prosternais front contre terre auprès d'elle, je faisais le signe de croix, cette fois pas comme avec Adèle, de gauche à droite avec ma main ouverte, mais de droite à gauche avec mon pouce appuyé contre deux doigts.

    Je ne sais si grand-mère était vraiment croyante, je crois qu'elle allait à l'église les jours de fête pour prendre part à des rites qu'elle aimait, pour retrouver sa Russie, s'y replonger, et moi je m'y replongeais avec elle... je retrouvais la chaleur, la lumière d'innombrables cierges, les icônes dans leur châsse comme une dentelle d'argent ou d'or éclairées par les flammes des petites veilleuses de couleur, les chants... une ferveur répandue sur tout et en moi comme une exaltation très douce et calme que j'avais déjà ressentie... était-ce à Pétersbourg ou encore avant, à Ivanovo...

- C'est étrange qu'à cet âge-là jamais ne te venait l'idée que de ces religions n'étaient pas celles de tes ancêtres... que jamais personne ne t'en avait parlé...

- Ma mère ne voulait pas le savoir... je crois qu'elle n'y pensait jamais. Quant à mon père, il considérait toutes les pratiques religieuses comme des survivances... des vieilles croyances dépassées... il était "libre penseur" et pour lui comme pour tous ses amis le fait même de mentionner que quelqu'un est juif ou ne l'est pas, ou qu'il est slave, était le signe de la plus noire réaction, une véritable indécence...

    Je n'ai jamais entendu dire d'un ami qui venait à la maison qu'il était autre chose que russe ou bien français. Et à l'école même cette notion de Russe ne semblait pas exister, tous les enfants d'où qu'ils fussent venus étaient considérés comme de bons petite Français. Je ne me souviens pas qu'on m'ait posé aucune question, visiblement les idées de différence de race ou de religion n'entraient dans l'esprit de personne.

    Mon père me laissait aller dans toutes les églises où l'on m'emmenait... peut-être se disait-il que ces belles cérémonies ne pouvaient que laisser à un enfant de beaux souvenirs, et il ne cherchait pas plus à me détourner de Dieu, du Christ, des saints, de la Sainte Vierge, qu'il ne m'avait empêchée d'adresser des prières au Père Noël.

    Mais plus tard, chaque fois qu'était soulevée cette question, j'ai toujours vu mon père déclarer aussitôt, crier sur les toits qu'il était juif. Il pensait que c'était vil, que c'était stupide d'en être honteux et il disait : Combien d'horreurs, d'ignominies, combien de mensonges et de bassesses a-t-il fallu pour arriver à ce résultat, que des gens ont honte devant eux-mêmes de leurs ancêtres et se sentent valorisés à leurs propres yeux, s'ils arrivent à s'en attribuer d'autres, n'importe lesquels, pourvu que ce ne soient pas ceux-là... Tu ne trouves pas, me disait-il parfois, beaucoup plus tard, que tout de même, quand on y pense... - Oui. je le trouvais... 


Sarraute, Nathalie. Enfance, Gallimard, 1983
Folio classiques, édition 2004, p.208-210 

Sunday, February 27, 2022

The Journey by David Whyte

Above the mountains
the geese turn into 
the light again

Painting their 
black silhouettes
on an open sky.

Sometimes everything
has to be 
inscribed across the
heavens

so you can find
the one line
already written
inside of you.

Sometimes it takes 
a great sky
to find that.

First, bring 
and indescribable
wedge of freedom
in your heart.

Sometimes with
the bones of the black 
sticks left when the fire
has gone out

someone has written
something new
in the ashes of your life.

You are not leaving.
Even as the light fades quickly now,
you are arriving.

Monday, January 10, 2022

Stream of Life by Rabindrath Tagore

The same stream of life that runs through my veins night
     and day runs through the world and dances in rhythmic measures.

It is the same life that shoots in joy through the dust of the earth        in numberless blades of grass and breaks into tumultuous waves of     leaves and flowers.

It is the same life that is rocked in the ocean-cradle of birth and        death, in ebb and in flow.

I feel my limbs are made glorious by the touch of this world of life.

And my pride is from the life-throb of ages dancing in my blood this        moment.